Maisons de...

  

    L’interface entre le corps et le lieu me fascine. Elle constitue l’espace même (la condition de possibilité) de ce qui fait de notre stricte réalité biologique quelque chose de signifiant. 
Nous établissons notre présence au monde par des inscriptions symboliques ; nos corps expérimentent et se souviennent de  cette charge symbolique des lieux que nous habitons et que nous marquons de notre présence.
                      Les maisons miniatures agissent comme des petits théâtres de symbolisation des affects.  Le jeu d’échelle entre leur format et les matériaux  utilisés établit un écart  renvoyant  à la difficulté à saisir le réel. Véritables hétérotopies,  chaque sculpture présente un aspect différent de notre rapport au monde : événement, état, chose, phénomènes naturels, etc. 
   Chacun des titres des sculptures complète Maison de… Ils sont le résultat d’associations libres entre représentations et affects et sont sujets à changement. Le spectateur est fortement invité à les compléter à sa guise.





 








(S’)Habiter: présence et passage

(S’) habiter : présence et passage

Ces aller-retours entre les environnements que nous fréquentons et l'habitat de nos pensées, forment un espace propre, un moment, vécus dans les limites de perceptions de notre corps, façonnés par notre identité, en constant réaménagement.  Dans cet espace s’accumulent des strates, se déposent des sédiments d'expérience des lieux, baignant dans une sauce identitaire, influencée par la doxa sociale ambiante et par notre rapport aux autres.

 Dans mes œuvres, je fonctionne aussi par strates. L’accumulation de diverses techniques (peinture, de modelage, de façonnage et autres) de même que la variété de matériaux utilisés, l’insertion d’artéfacts, et enfin l’ajout de citations formelles empruntées à l’histoire de l’art, rendent compte d’où je viens, d’où je produis des œuvres et où s’inscrit principalement mon expérience de L’habiter. 

La figuration ou la schématisation des lieux investis de ma présence ne renvoie pas seulement à l'image d'un souvenir. Dès lors qu'elle existe, elle devient une plateforme permettant à ma pensée d'y retourner, simultanément avec la conscience de mon environnement ambiant. Elle offre aussi aux regardeurs le loisir d'aller séjourner, en même temps qu'ils sont présents à l'œuvre, auprès de lieux habités par eux-mêmes, vers un moment, un événement, une expérience sensible de leur propre histoire.  L’habiter apparait donc dans les moments qui reflète les singularités, tentent d’endiguer le flux du temps et font arrêt sur l’image. C’est cette rencontre entre l’Habiter et l’art qui me passionne et dont il est question ici.



Citations



« Ubique et semper » – équivalence et consubstantialité entre passé, présent, futur redouté et futur potentiel dans l’expérience artistique Les idées principales sont les suivantes :
· Les artistes contemporains développent deux aptitudes hautement spécifiques dans leur manière de travailler : régler l’alliage complexe entre l’attention flottante et l’alternance des processus primaire et secondaire. (principe de plaisir et principe de réalité)
· Dans sa diffusion, l’artiste atteint et partage avec le spectateur une aire de communication intemporelle, qui est contenue dans un cadre mutuel où le temps et la séparation sont maintenus et respectés.
· Les artistes font l’expérience de l’équivalence et de la « consubstantialité » partagées (cette dernière devant être différenciée de l’équation symbolique) des objets et des situations dans l’oeuvre, quand l’artiste et le spectateur entrent simultanément dans un niveau onirique plus profond d’une réalité interne intemporelle.
· C’est ainsi que des changements peuvent parfois arriver à un niveau plus profond que celui du Moi conscient. Mots-clés : répétition, consubstantialité, diachronie/synchronie, intrapsychique/interpsychique- Stéphano Bolognini

« Version humaine de l’ubiquité: faculté de n’être nulle part au même instant. »
Extrait de Mort et naissance de Christophe Ulric, Yvon Rivard

«  Le rapport de l'homme à des lieux et, par des lieux, à des espaces réside dans l'habitation. La relation de l'homme et de l'espace n'est rien d’autre que l’habitation pensée dans son être. » - Martin Heidegger

Jünger:
«Celui qui s’en va dans la forêt» est quelqu’un qui, «hic et nunc», veut échapper aux contraintes d’une vie hyper-socialisée et sortir des conventions établies, des dogmes, de l’enlisement des idéologies. (...)Il ne s’agit pas d’une «retraite» ou d’une attitude compensatoire, mais plutôt d’une marche hasardeuse en dehors des sentiers battus, au-delà des frontières de la pensée commune.

« La forme, c'est le fond qui remonte à la surface. » 
Victor Hugo

«  Le jeu est un mode d'être étrange, un moyen de connaissance bien particulier. Jouer, c'est se laisserporter par l'imaginaire en agissant dans le monde réel. L'état ludique est de ce fait intervallaire.Lorsque la rêverie et la matière s'unissent à travers le geste, il y a union momentanée des mondesintérieur et extérieur. De la même façon, il permet à travers la réflexion de circuler entre les espaces rationnel et irrationnel. » -Deucalion: L’art et le jeu

«  C'est donc dire que ce n'est pas le lieu de la demeure qui s'instaure en tant que support d'une projection identitaire, mais bien le lieu temporaire, transitoire, qui accueille la présence de passage. » - Marie-Hélène Bolduc