Démarche "Hors-lieux communs"
L’esprit et le lieu. L’un se
construisant par rapport à l’autre, au gré des événements personnels et
communautaires. Mes grandes toiles théâtrales sont le
fruit d’un questionnement sur la qualité de notre présence au lieu, à
l’instant, dans les limites de perception de notre corps. Les manifestations, les fêtes, les foires,
les rituels, les vacances, autant
d’événements où nous pouvons jouir de notre environnement et être simultanément
dans nos souvenirs, dans nos rêveries. Ces moments où «la pensée devient notre
habitat» et nous affranchit des diktats sociaux menant aux lieux communs, c’est
ce qui donne naissance à ces œuvres semi-figuratives, aux multiples lectures,
qu’on retrouve dans mon univers. Un monde de symboles empruntés à l’histoire de
l’art et à la culture ambiante, dans un parti-pris de peinture, une volonté
d’en développer et dans montrer la polyvalence. Je travaille surtout à
l’acrylique et mon œuvre se caractérise par l’ajout de collages allant de
tapisseries, objets trouvés, polythène et bas-reliefs en résine transparentes que
je sculpte aussi moi-même dans son
atelier du Mile-End.
Intimité/extimité. Croquis
"Nous sommes à une époque où la délimitation entre sécurité intérieure et extérieure est déstabilisée"- Robert Chaouad - Le corps de la maison
Le projet Intimité1Extimité fait suite au projet Maison de...et questionne des notions de vie privée versus sentiment de sécurité et désir d'habiter
Passage
Surface
Intérieur
Maisons de...
L’interface entre le corps et le lieu me
fascine. Elle constitue l’espace même (la condition de possibilité) de ce qui
fait de notre stricte réalité biologique quelque chose de signifiant.
Nous établissons
notre présence au monde par des inscriptions symboliques ; nos corps
expérimentent et se souviennent de cette
charge symbolique des lieux que nous habitons et que nous marquons de notre
présence.

(S’)Habiter: présence et passage
(S’) habiter : présence et
passage
Ces aller-retours entre les environnements que nous fréquentons et
l'habitat de nos pensées, forment un espace propre, un moment, vécus dans les
limites de perceptions de notre corps, façonnés par notre identité, en constant
réaménagement. Dans cet espace
s’accumulent des strates, se déposent des sédiments d'expérience des lieux,
baignant dans une sauce identitaire, influencée par la doxa sociale ambiante et
par notre rapport aux autres.
Dans mes œuvres, je fonctionne
aussi par strates. L’accumulation de diverses techniques (peinture, de modelage,
de façonnage et autres) de même que la variété de matériaux utilisés,
l’insertion d’artéfacts, et enfin l’ajout de citations formelles empruntées à
l’histoire de l’art, rendent compte d’où je viens, d’où je produis des œuvres
et où s’inscrit principalement mon expérience de L’habiter.
La figuration
ou la schématisation des lieux investis de ma présence ne renvoie pas seulement
à l'image d'un souvenir. Dès lors qu'elle existe, elle devient une plateforme
permettant à ma pensée d'y retourner, simultanément avec la conscience de mon
environnement ambiant. Elle offre aussi aux regardeurs le loisir d'aller
séjourner, en même temps qu'ils sont présents à l'œuvre, auprès de lieux
habités par eux-mêmes, vers un moment, un événement, une expérience sensible de
leur propre histoire. L’habiter apparait donc dans les moments qui reflète les singularités,
tentent d’endiguer le flux du temps et font arrêt sur l’image. C’est cette
rencontre entre l’Habiter et l’art
qui me passionne et dont il est question ici.
Citations
« Ubique et semper » – équivalence et consubstantialité entre passé, présent, futur redouté et futur potentiel dans l’expérience artistique Les idées principales sont les suivantes :
· Les artistes contemporains développent deux aptitudes hautement spécifiques dans leur manière de travailler : régler l’alliage complexe entre l’attention flottante et l’alternance des processus primaire et secondaire. (principe de plaisir et principe de réalité)
· Dans sa diffusion, l’artiste atteint et partage avec le spectateur une aire de communication intemporelle, qui est contenue dans un cadre mutuel où le temps et la séparation sont maintenus et respectés.
· Les artistes font l’expérience de l’équivalence et de la « consubstantialité » partagées (cette dernière devant être différenciée de l’équation symbolique) des objets et des situations dans l’oeuvre, quand l’artiste et le spectateur entrent simultanément dans un niveau onirique plus profond d’une réalité interne intemporelle.
· C’est ainsi que des changements peuvent parfois arriver à un niveau plus profond que celui du Moi conscient. Mots-clés : répétition, consubstantialité, diachronie/synchronie, intrapsychique/interpsychique- Stéphano Bolognini
« Version humaine de l’ubiquité: faculté de n’être nulle part au même instant. »
Extrait de Mort et naissance de Christophe Ulric, Yvon Rivard
« Le rapport de l'homme à des
lieux et, par des lieux, à des
espaces réside dans l'habitation. La relation de l'homme et de l'espace n'est
rien d’autre que l’habitation pensée dans son être. » - Martin Heidegger
Jünger:
«Celui qui s’en va dans la
forêt» est quelqu’un qui, «hic et nunc», veut échapper aux contraintes
d’une vie hyper-socialisée et
sortir des conventions établies,
des dogmes, de l’enlisement des idéologies. (...)Il ne s’agit pas d’une «retraite» ou
d’une attitude compensatoire, mais plutôt
d’une marche hasardeuse en dehors des sentiers battus, au-delà des frontières
de la pensée commune.
« La forme, c'est
le fond qui remonte à la surface. »
Victor Hugo
« Le jeu
est un mode d'être étrange, un moyen de connaissance bien particulier. Jouer, c'est se laisserporter
par l'imaginaire en agissant dans le monde réel. L'état ludique est de ce fait
intervallaire.Lorsque la rêverie et la matière s'unissent à travers le geste,
il y a union momentanée des mondesintérieur et extérieur. De la même façon, il
permet à travers la réflexion de circuler entre les espaces rationnel et
irrationnel. » -Deucalion: L’art et le jeu
« C'est donc dire que ce n'est pas le lieu de la demeure
qui s'instaure en tant que support d'une projection identitaire, mais bien le lieu
temporaire, transitoire, qui accueille la présence de passage. » - Marie-Hélène Bolduc
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